Ce geste facilitant la circulation dans l’espace Schengen est un signe d’ouverture à une semaine du sommet UE-Ukraine, qui se tiendra jeudi 24 novembre.
C’est un petit pas de plus vers l’ouest pour l’Ukraine et ses 45 millions d’habitants. Ils pourront bientôt passer quelques jours en Europe sans complications administratives. Les 28 pays membres de l’UE ont en effet approuvé, jeudi 17 novembre, le principe d’une exemption du visa pour les ressortissants de ce pays pour des séjours de moins de trois mois. En octobre, le même geste avait été fait pour les Géorgiens.
Le Parlement européen doit encore approuver la mesure. Mais à une semaine d’un sommet UE-Ukraine dans la capitale européenne, cette décision revient à « envoyer un signal positif » à Kiev, selon le communiqué publié à Bruxelles. L’Ukraine de son côté avait déjà accordé la circulation sans visas aux ressortissants européens depuis plus de 10 ans, en 2005, dans la foulée de la Révolution orange.
La date choisie par l’UE pour rendre la pareille a elle aussi une charge historique : la décision intervient quasiment trois ans jour pour jour après le début, le 21 novembre 2013, du soulèvement pro-européen du Maïdan dans la capitale ukrainienne. Il avait entraîné trois mois plus tard la destitution par le Parlement du président pro-russe Viktor Ianoukovitch.
Les États membres, sous l’impulsion de Paris et Berlin, se sont toutefois laissé la possibilité de revenir en arrière sous certaines conditions en cas de crise migratoire. Avant l’entrée en vigueur de la mesure, l’Europe doit mettre en place un mécanisme de « frein d’urgence ». Un système permettant de geler rapidement les exemptions de visas si trop de voyageurs restent dans l’Union après leur séjour ou si le pays d’origine refuse de réadmettre ses ressortissants.
En effet, l’exécutif européen a dû tenir compte de l’inquiétude des pays européens face à une libéralisation des visas qui, tous pays confondus, serait susceptible de concerner plus de 100 millions de personnes en comptant l’Ukraine, la Géorgie, le Kosovo et hypothétiquement la Turquie, même si cette dernière ne respecte pas pour l’heure l’ensemble des critères de l’UE.
Le sommet UE-Ukraine du 24 novembre s’annonce délicat, alors que Kiev mise sur sa relation avec Bruxelles pour éloigner la menace de Moscou. Un accord d’association conclu il y a trois ans, engage en principe les deux parties à faire converger leurs politiques d’échanges économiques, leurs législations, incluant des droits pour les travailleurs.
Mais ce traité a été rejeté aux Pays-Bas lors d’un référendum par 61,1 % des électeurs le 6 avril 2016. Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, cherche à obtenir des exemptions pour son pays, notamment en termes de coopération militaire. Un nouveau texte devrait être soumis au vote à La Haye, cette fois par les sénateurs et les députés.
Source : JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS – La Croix